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J’ai le plaisir d’intervenir auprès des assistantes familiales de Seine-Saint-Denis sur deux thèmes :

• Avoir 18 ans à l’ASE ou les écueils de l’autonomie accélérée
• Les jeunes en très grandes difficultés (ou incassables) : devenir soi-même face à l’institution Voici une rapide présentation de ces deux formations :

Avoir 18 ans à l’ASE ou les écueils de l’autonomie accélérée

Dans cette formation nous revenons sur le paradoxe infligé aux jeunes en protection de l’enfance qui doivent, avec moins de ressources, d’appuis et de sécurité que des jeunes en situation ordinaire, devenir autonomes et subvenir à leurs besoins plus précocement que ces derniers. Au-delà de ce premier paradoxe souligné notamment par Pierrine Robin dans son rapport pour l’ONED sur le passage à l’âge adulte, j’explore ce passage comme un processus de renégociation des attaches : ces jeunes vont en effet devoir apprendre à se séparer de leur famille d’accueil et/ou de l’ASE et apprendre à s’attacher à eux-même tout en travaillant / réfléchissant à leurs attaches à leur famille d’origine.
Ce processus prend des figures différentes en fonction des jeunes provenant de placements longs et stables en famille d’accueil ou des jeunes incasables qui – eux – ont connu une multiplicité de placement. Chez ces derniers, on le verra, ce processus ne prend pas tellement la forme d’un détachement par rapport à des lieux et liens d’accueil appréciés mais la forme d’un desserrement de la pression subit au sein de leur accueil.

Les jeunes en grandes difficultés : devenir soi-même face à l’institution

Les jeunes en très grandes difficultés se caractérisent déjà par un passé problématique (carences, maltraitances etc…) et un rapport complexe à des parents souvent ambivalents à leur égard. Mais ils ont aussi à faire avec l’ASE, à une institution qu’ils ne comprennent pas toujours dans ses actes, qui s’impose à eux et qui, parfois, les brutalisent. Une institution qu’ils ne comprennent pas parce qu’elle ne leur explique pas suffisamment les raisons de son intervention. Une institution qui s’impose à eux parce qu’ils n’ont pas le sentiment de l’avoir choisi (et ce notamment parce qu’ils n’ont peut être pas assez l’occasion de se positionner sur les raisons de l’intervention de l’ASE). Une institution qui les brutalise quand elle prend la figure d’intervenants autoritaires ou rudes, ou bien encore quand elle les place et déplace sans mesurer la part d’attachement qu’ils ont noué avec les différents lieux et liens qu’ils ont traversé. Mais une institution, enfin, qui est leur monde tant elle les a pris entièrement en charge au fil de placements parfois très longs.
Aussi, pour ces jeunes, un des principaux enjeux de leur évolution et de leur stabilisation et d’arriver à définir un espace d’autonomie tant face à l’institution-ASE que face à leurs familles d’origine.
D’où la nécessité pour les professionnels travaillant auprès de ces incasables de reconnaître les liens de ces derniers à une ASE qu’ils semblent rejeter et à travailler également le lâcher prise afin de leur permettre de se ressaisir d’eux-mêmes.